Hannah (1)

 Je traîne souvent sur les réseaux spécialisés Bdsm lorsque je vois passer l'annonce d'une jeune fille de vingt ans qui demandait à se faire punir pour une faute qu'elle avait commise.

J'ai du mal à faire du one shot sans connaître la personne au préalable. Je regarde son profil, un peu atypique, mais pas inintéressant. Bon, je fais quoi ? Trois possibilités : je réponds directement sur le fil de son annonce, je réponds en message privé ou... Je ne fais rien.

Je réponds en privé par un petit message très anodin, même si un peu plus étoffé que le vulgaire "salut, alors tu veux une fessée ?" qu'on voit hélas trop souvent et qui pour moi fait simplement preuve d'un manque de respect total. Je lui propose donc plutôt de discuter pour mieux se connaître.

Elle accepte, et au bout de quelques échanges, nous décidons de passer sur un autre type de messagerie instantanée que tout le monde connaît. 

Nous discutons d'elle, de moi (un peu) et je lui donne le lien vers le présent blog pour éviter de raconter (une fois de plus) toute mon histoire. Oui, je suis un peu paresseux. Je veux bien faire les choses une fois, mais une fois faites, je ne veux pas avoir à les recommencer.

Au fil des discussions, nous nous trouvons beaucoup de points communs et d'intérêts partagés. 

En me parlant d'elle, je comprends très vite qu'Hannah est dans une grande détresse psychologique. Et pourtant, dans ses moments de lucidité, elle n'a qu'une envie : s'en sortir.

J'ai rencontré pas mal de gens dans sa situation. Tous n'ont pas l'envie de s'en sortir et plongent dans un univers psychologique toxique. Afin de me protéger moi-même, je ne suis ni psychologue, ni psychiatre, je m'éloigne de ces personnes là très vite. Ce n'est pas le cas d'Hannah. Elle est sujette à des pathologie psychologique qu'on pourrait qualifier de lourdes, et notamment un TDAH avéré et diagnostiqué mais elle a la volonté de prendre son traitement pour en atténuer les effets.

Pour moi aussi, sans pouvoir apporter d'arguments psychiatrique car, je le répète, je ne suis pas psychiatre, je ressens aussi chez elle des troubles apparentés à une forme d'autisme. Cela resterait à confirmer par un diagnostic précis difficile à réaliser compte tenu de son haut potentiel intellectuel. 

Elle me fait part aussi d'une particularité, que je mets en lien avec son TDAH, c'est son syndrome de Peter Pan, le fait de refuser de grandir. Elle se ressent dans son âme comme une enfant de six ou sept ans. Ses réactions sont plus proches de celle d'une jeune adolescente de dix ou onze ans, entre la "petite enfance" et la véritable adolescence avec son lot de révolte et de désobéissances aux règles. Et pourtant elle a vingt ans, travaillait dans un super marché jusqu'à très récemment, ancrée malgré tout dans la réalité des adultes.

Sans parler de schizophrénie, car ce n'est pas le cas, il faut quand même tenir compte de ces deux aspects de sa personnalités qui cohabitent plutôt bien ensemble, l'une ne prenant pas le dessus sur l'autre.

Sa personnalité est attachante, affirmée, parfois exubérante, mais c'est un bouclier contre les autres, je l'ai bien compris car timide au fond d'elle même, n'ayant pas les codes sociaux malgré un diplôme en communication, ayant une peur panique des relations humaines et rejetant tout désir sexuel par refus de grandir.

Mais dans les quelques relations humaines qu'elle entretient, elle se donne de tout son cœur, sans compter. Malheureusement pour elle, on ne vit pas dans un monde bisounours, et certains ont profité d'elle de manière malveillante. Il s'en est suivi des traumas qu'il faut que je prenne en compte si je veux pouvoir avoir une relation saine et sincère avec elle, condition préalable à toute suite pour moi.

Nous parlons aussi de ses envies en matière de discipline. Encore une fois, pour moi, il ne s'agit pas d'un jeu mais d'un mode de vie avec une méthode consentie par les deux partenaires. En ce qui me concerne, il ne saurait en être autrement. 

Pour Hannah, c'était un jeu au début. Mais elle s'est vite aperçue que ce "jeu" était en fait un besoin. Un besoin de cadre pour éviter qu'elle ne dérive dans des actes qui peuvent la mettre en danger.

Au fil de la discussion, je lui trouve ce quelque chose d'indéfinissable qui fait que je commence à m'attacher à elle. Je sens que je peux lui apporter quelque chose qu'elle n'a jamais eu, mais qu'elle désire fortement. Une relation de père spirituel sincère et véritable. J'apprends qu'elle a déjà tenté l'expérience mais qu'au bout d'un certain temps, cela s'est terminé un peu brutalement. C'est toujours difficile de vivre la séparation d'avec un partenaire auquel on est fortement attaché.

Pour ma part, je n'ai pas encore ce type de relation avec Hannah. C'est plutôt une relation de tutorat. Mais c'est ce dont elle a besoin dans l'immédiat. 

Nous décidons de nous rencontrer, sans préciser de date. Mais il se trouve que ma fille Hermione a une amie qui réside dans la même ville qu'Hannah. Un soir, Hermione nous lance :"Que pensez-vous d'une escapade à ***** pour le week-end ?

- vendu, répondis-je. On en profitera pour rencontrer Hannah."

Ainsi donc, hôtel réservé, cher, disons-le, mais ça vaut le coup. Et j'annonce cela à Hannah. Celle-ci fut surprise, d'autant qu'elle savait que je venais aussi pour corriger certaines choses avec elle, et ma main allait beaucoup parler. Du coup, la pression monta d'un cran chez Hannah et cela se ressentit un peu dans son discours. Toutefois, comme beaucoup avant de me rencontrer, elle ne me craignait pas vraiment.

Les choses allaient changer très vite. 

Suite au prochain épisode des aventures d'Hannah.